DUBOIS Jean-François

Le petit marin et autres tombeaux

Auteur : DUBOIS Jean-François

Né le 28 octobre 1950 à Châteaubriant (Loire-Atlantique). Vit à Blain (ibid.). Professeur-correcteur au CNED. Une quinzaine de publications (vers, proses) depuis 1981, notamment aux éditions Le dé bleu et Plein Chant. Son dernier ouvrage, Mémoire d’hommes, paru chez Apogée en 2008, est un recueil de récits essayant de restituer la vie de quatre membres de sa parenté, mobilisés et tués durant la Grande Guerre. Des « présences remises à flot », selon l’expression de Michel Baglin à propos du recueil Le Cœur de faïence, en 1986. Une même démarche d’historiographie familiale et personnelle qui se poursuit; dont on trouve d’autres exemples dans le précédent recueil publié par Gros Textes (Comme si le temps ne mourait pas, 2002), et dans celui-ci.

Nombre de pages : 54 p.
Format : 13 x 21 cm

7,00

Description

Extrait :

C’était tout en haut du cimetière, bien après les victimes civiles des bombardements alliés de 43-44, parmi les déportés, les résistants, les maquisards, les morts militaires des années 40 à 60. Dans la dernière allée à droite. C’est là qu’il gisait. Derrière les croix de l’avant-dernier rang, face contre terre. Ou pour mieux dire, contre le sable qui confond ici les allées et les tumulus des tombes comme en un même linceul. (Du sable: plutôt bien à y repenser, s’agissant d’un col bleu.)
L’ovale de porcelaine était marqué au milieu par le point de scellement qui l’avait fixé quelque part pendant des décennies. Je l’ai pris en main en le retournant.
Une petite gueule à faire damner Cocteau, Genet et Jean-Paul Gautier réunis. Le béret à ancre de marine rejeté en arrière (avec juste « commandant » visible sur le bandeau), dégageant largement le front et les cheveux séparés en deux vagues par une raie centrale. Un port rien moins que réglementaire, proclamant l’insouciance juvénile et un désir de séduction un peu canaille. La photo qu’on destine à un ami, à une fiancée.