JOUBERT Mylène

Les sons de l’air en colère

Auteur : JOUBERT Mylène

Des mots pour dire la pause: ” Ici le monde est différent “.

Curieusement, le “Ici” occupe peu de place pour lui-même mais il est un lieu privilégié pour faire le lien avec l’extérieur. Une place privilégiée pour écouter, voir, entendre vivre et résonner le monde extérieur. L’isolement du “ici “(dépourvu d’ennui) donne de l’extérieur une perception pleine de fraîcheur, d’inattendu. Pris dans l’essentiel de sa manifestation, il procure à  l’être disponible  de l’Ici des sensations vitales, accueillies avec simplicité.

Au cœur immobile du SILENCE, au creux du vide de la disponibilité, tout le petit peuple de la vie ordinaire (mais non banale) peut évoluer à l’aise, en toute innocence et spontanéité.

La langue est claire, souple et fluide comme l’eau si présente dans ces textes. L’abondance des métaphores, les juxtapositions inattendues donnent à partager la singularité d’une sensibilité attentive à elle-même aussi bien qu’au monde qui l’entoure. On passe d’un monde à l’autre sans discours par la grâce d’une innocence préservée.

Danielle Robert

ISBN : 978-2-35082-272-3
Nombre de pages : 44p
Format : 10 x 15 cm

6,00

Description

 

Extrait

Quelque part quelqu’un est fragile

Quelqu’un franchit le seuil
Quelqu’un entre dans la maison bleue
Quelqu’un ouvre les portes
Quelqu’un efface les traces
Quelqu’un trace les ronds du quotidien

Quelqu’un est serré et embarrassé
Quelqu’un cadenasse les portes de sa voiture à chaque petit déplacement
Quelqu’un est satisfait de lui-même
Quelqu’un pontifie, ponte pontifiant sur son pont de niaiseries naïves, de  condescendance imbécile, de certitudes murées

Quelqu’un dans ses murs grisé par la vague
Quelqu’un, sa barque heurte la fange
Quelqu’un, sa perche plonge et le sauve
Quelqu’un en alarme
Quelqu’un arme le bras vengeur
Quelqu’un désarme le regard haineux

Quelqu’un, le lait c’est sa phobie
Quelqu’un, le livre, c’est sa flèche
Quelqu’un, le bois, c’est son antre
Quelqu’un, l’eau, c’est son château

Quelqu’un entrave la ligne droite de la voix paternelle

Quelqu’un, dans sa tête, le loup hurle dans les bois noirs du souvenir
Quelqu’un se heurte aux heurtoirs des portes du Grand Soir
Quelqu’un se déchire dans les voiles du déni

Quelqu’un a sept ans et mange beaucoup
Quelqu’un a quatorze ans et veut se faire refaire le nez
Quelqu’un a seize ans et refuse d’apprendre l’anglais
Quelqu’un a soixante dix ans, un mètre soixante douze, cinquante deux kilos, et suit un régime pour ne pas grossir. Ses traits sont anormalement tirés.
Quelqu’un a quatre vingt dix ans et ne mange plus, écoute le temps passer

Quelqu’un renaît sémaphore