BERCHOUD Bruno

Obscurité des visages

Auteur : BERCHOUD Bruno

Un fantôme erre à travers la poésie : celui de la passante, de Charles B.

Alors oui, forcément, le visage. Visage : Etym. ce qui s’offre à la vue, qui est visible. Mais que voit-on du visage ? Visage familier dont on surprend la blessure, visage étranger surgi de la ville et de son ombre, visage que l’on devine à la voix (mais que voit-on de la voix ?), visage de l’habitué, visage inconnu qui se met à nous parler, visage qu’on interpelle, visage à contre-jour, visage avec ses mains…

Et surtout, cette vérité hallucinante : il y eut, il y a, il y aura autant de visages que d’êtres humains : l’Autre est Un – Ôtez-moi ces majuscules !

Alors oui, décidément, le visage. Qui n’en a pas fini avec la littérature. Parce que chacun, en repartant vers sa nuit, nous interroge bien plus qu’il ne nous répond.

Bruno Berchoud, janvier 2008

 

ISBN : 2-35082-073-4

Nombre de pages : 80

Format : 13 x 20 cm

8,00

Description

Ser(re)ment


Les vieux qu’on additionne – à eux deux cent soixante ans pas loin mais toujours main dans
l’autre et sourires mêlés, lui calembourre et bourre sa pipe avec les mots, son rire a même des
éclats,
elle plutôt pastel à vrai dire moins haute en couleurs, et en effet où passe-t-elle, si tendre à
l’oreille qu’il faut tendre, parle juste ce qu’il faut, mais juste.

Sur la terrasse de l’hôtel un soir on les y prend, en douce ils se partagent la grosse orange du
soleil couchant, yeux et yeux qui font quatre baignés dans l’horizon. On se pointe des pieds,
on voudrait pas crever
leur poche de silence (allons c’est ridicule, voilà qu’on s’attendrit), on salue du menton vite
fait, d’un sourire on ravale en secret la prière :
ces deux-là faut qu’ils meurent
même jour même heure.