KLÉPAL Jean, SAGAULT Alain

RIEN

Auteur : SAGAULT Alain et KLÉPAL Jean

RIEN est le premier ouvrage de la nouvelle collection Outremo(n)ts.

Nombre de pages : 80p sur papier ivoire 120g.
Format : 15 x 21 cm

Couverture illustrée en quadrichromie sur papier Old Mill ivoire 250 g.

12,00

Description

Extraits :

Jean Klépal

Il est seul, il écrit, il s’isole
Il est seul, il écrit, il se met à l’épreuve de soi.
Plaisir solitaire bientôt insuffisant ; avide de partage,
Avide de connivence.

Partout des tessons ébréchés
Éclatures et brisures
Destruction
Rien ne s’assemble
Rien ne restaure

Alors…
Tendre la main pour un partage,
Prêter l’oreille,
Poser un geste.

À quatre mains défier l’insupportable

Dire de l’un, dire de l’autre, démarche insolite
Chacun compose sa musique
Chant et contre-chant
Démarche aléatoire

À la lecture d’orchestrer

***

Alain Sagault

Ne penser à rien.
Penser commence par ne penser à rien.
Mais vraiment.
Faire taire le temps qui fuit goutte à goutte.
Ce vide que tu crées en ne pensant à rien, voilà qu’il aspire en toi le monde qui t’entoure.
Irruption de l’univers à l’intérieur de ta conscience.
Ne penser à rien, c’est prendre conscience du monde.
Du coup, découvrir : quant tu ne penses à rien, tu prends connaissance du monde. Et le monde de toi.
Quand tu ne penses à rien, tu es ouvert, si bien que tu penses tout.
Plus exactement, tout te pense. Tout pense à travers toi.
N’être plus rien, que traversé, c’est être enfin soi-même.

*

Travailler ensemble : sortir d’une solitude de pensée pour entrer dans un compagnonnage.

Seul, la révolte est désespérante. Sensation d’être complètement marginalisé, une survivance. Minoritaire ? Voire… Minoritaire parmi tant d’autres. Une majorité de minoritaires ?

Naufragés à demi noyés s’appelant au cœur de la tempête, se reconnaissant, se saluant, s’épaulant. Besoin, non de confort, mais de réconfort, d’écoute réciproque, de partage. Se retrouver entre humains.

Ce qui manque, en ces temps de réchauffement climatique accéléré, c’est la chaleur humaine ; plongés dans la perpétuelle frénésie abstraite du calcul universel, nous avons froid. Dans le monde frigide de la fête impuissante – Casanova de Fellini –, dans cette glaciation qui ne laisse après elle que les chambres froides de la normalisation et les délires figés de la mégalomanie, nous nous réchauffons à notre commune passion : la vie, rien que la vie.