BULTING Christian

Un jour d’exercice sur la terre

Auteur : BULTING Christian

L’auteur aime jouer avec les mots, et d’abord avec son nom. Jusqu’à l’accoler à « Empire State » dans le poème à New-York qui est – évidemment – le sommet de ce recueil. Aussi, à la fin de la dernière section, en le suggérant – de façon évidemment pas inconsciente – dans un autoportrait en Sitting-Bull! Alors on peut être à son tour tenté de dire, en francisant cette fois le patronyme (s’autorisera-t-on une pointe d’accent marseillais?) que Christian nous livre ici, comme dans ses recueils antérieurs, un nouveau bultin(g) de santé: physique et métaphysique, amoureuse, sexuelle, familiale, sociale, civique, littéraire, humaine, etc. Au total, le bonhomme se porte plutôt bien. Même si, l’âge venant, il se voit volontiers en « vieux bluesman » noir (reprise du titre précédent chez Gros Textes) ou en chef sioux buriné, le rapport au passé, à la jeunesse, l’évocation des parents, des amis disparus, se font aussi dans l’apaisement, le sentiment de la présence, l’accord serein avec le temps qui passe, avec « la pulsation de l’univers ». Dans une effusion qu’induisent la conscience et la saveur d’éternité de l’instant (l’épigraphe pascalienne, d’où est tiré le titre, ne dit pas autre chose). Satori devant le mimosa qui remplit la fenêtre, de ce côté-ci de l’Atlantique, ou chapelet de oui au monde égrené depuis le 86e étage du « Building » new-yorkais. Chez lui ou à Manhattan, Bulting au sommet de lui-même, pleinement et simplement, comme on peut le souhaiter d’être à chacun.

Jean-François Dubois

Nombre de pages : 76p
Format : 14 x 21 cm

8,00

Description

Extraits :

Encore combien de soirs avec le jardin dans les yeux

A siroter la vie comme l’eau-de-vie dégustée
A petites gorgées gourmandes à travers les saisons
Les soirs d’automne où la lumière s’engrisaille
Dans les pièces de l’appartement de grand-mère
Qui allume quand on n’y voit plus pas avant
Quand on n’y voit goutte voulez-vous une petite
Goutte et papa opinait doucement du bonnet
Pas besoin de parler ils se comprenaient
Geste professionnel d’ancienne serveuse de café
Versant l’eau dans un petit verre à dorures
Relevant la bouteille quand il soulevait le verre
La rangeant dans le buffet parmi la vaisselle
Démodée pendant qu’à petites gorgées gourmandes
Papa dégustait l’eau-de-vie savourait le vif
Le fort le brûlant de la vie après une journée
Laborieuse consciencieuse polie bonjour monsieur
Au revoir madame les enfants faites moins de bruit
Que j’entende couler en moi l’eau-de-vie
Ça il ne le disait pas à petites gorgées gourmandes
Il buvait comme quelqu’un qui savait que tout ça
Ne durerait pas il fallait en profiter là
Le dernier verre bien avant le dernier soir

Bonjour la vie adieu la vie