Description
Bien sûr, parfois on retrouve un cadavre avec un couteau planté dans le dos et il faut bien lancer un fin limier sur l’affaire, de préférence assisté d’un moins doué mais qui ne manquera pas d’écrire l’histoire. Parfois dans une soirée on nous présente une belle femme détestable avec laquelle on ne s’entend pas, mais qui finalement sera celle qu’on aimera, ce qui fera un beau roman. On visite aussi des pays lointains dont on revient la tête pleine d’images et de sons inconnus, et que de rencontres ! Et on partage avec le lecteur cette découverte. Mais la plupart du temps on sort de chez soi pour acheter du pain à la boulangerie, on passe devant la maison rose, l’arrêt de bus, on discute avec un voisin… c’est tout et c’est très bien.
On profite, c’est vrai, de l’hospitalisation de notre ami dépressif C., pour mettre de l’ordre chez lui. Son appartement n’est vivable que s’il n’est pas là.
« Ne t’inquiète pas, ça va passer », me dit-il alors que je suis déprimé. Mon ami C. dépressif
depuis toujours.
« Je vais passer le voir pour lui remonter le moral », me dit le triste et nostalgique M.
toujours vêtu de gris qui parle de notre ami dépressif en arrêt de travail.
Je déconseille à mon ami dépressif et suicidaire C. de louer cette maison avec poutres en
chêne et fenêtres sur le vide. Trop loin de son travail.
Le nouveau traitement de mon discret ami dépressif C. le rend jovial et bavard, exubérant
même. Si bien que même quand il va bien, on s’inquiète.
Mon ami dépressif C. craint de se suicider, alors il me confie une caisse dans laquelle se
trouve une corde, des médicaments et tous ses couteaux. C’est surestimer mon amour de la
vie.