Description
Antoine Emaz page évoque « Détache-toi de ton cadavre » (éd. Tarabuste, 1998)
« j’ai porté si peu de choses jusqu’à l’éclosion
si peu de mes rêves se sont imprimés
si peu sillons sur la terre
mes traces vont se perdre
comme toi
bientôt je ne serai plus qu’atomes
dans la lumière froide des étoiles »
La mort déliera donc le petit paquet de nerfs et d’os, mais ce n’est pas ce désir noir qui bat au
cœur du livre, et ce n’est plus celui de « lâcher les tigres » – encore que… Non, bat ici
simplement une contradiction vraie, inacceptée, entre ce monde tel qu’il va, et puis tel qu’il a
été ou tel qu’il pourrait être. Il y a à la fois lucidité, et exercice de maintenance d’un espoir,
puisque le poète s’interroge : « la problématique majeure de l’Art Contemporain me paraît la
suivante : / la terre est en train (T.G.V. !) de mourir : que peut-on faire ? » Espoir encore, du
côté des « gens comme ça » : « le Boucher sa femme et la Postière, ces héros de chaque
jour… »
Voilà bien ce qui émeut et rend fraternel ce livre : on ne peut que partager cette évidence du
refus, et cette volonté tenace d’être là. Rester, résister : écrire demeure une forme de combat.