Description
Ça commence comme ça :
JOBERIES
J’écoute encore la voix des frères lointains éparpillés
je l’écoute à nouveau
la voix des moussaillons des moussaillons meurtris
la voix qui pile son chant dans le mortier des solitudes
elle ne vieillit pas
elle revient comme la soif de pays chauds
sous les plumes des hirondelles aussi fidèle
elle passe sereine sur la mer déchaînée
elle bave des mots de douceur déchirante
dans ma chambre aux fenêtres sans rideaux
je vois la douleur consciencieuse analphabète
des frères voiliers de fraternité bancale
des frères catapultes d’ennui et de résistance à l’ennui
je vois cette aiguille plantée dans leur gosier
où passe à jamais le vieux bétail la poussière
les nuages, les insurrections qu’on espère
les matins de grande grève cigare au bec
je vois trembler leurs mains d’obstétrique tendresse
ce tapis sur lequel je déverse les cendres
de mes haines de mes peurs
frères refuges et frères ports
J’accoste à votre quignon de pain
Et ça se termine comme ça :
Un poème est le témoignage d’un phénomène
de solidification d’une expérience
spatio-temporelle gazeuse.
C’est bien d’avoir essayé
mais ce coup-ci, je crois que tu devrais aller te reposer.