Description
Extrait :
Et si nous parlions de ces noms devenus si communs qu’ils en deviennent vite gênants et douloureux, calculs dans la circulation du sang, énigmes dans la circulation du sens.
Les milliers d’heures d’une fréquentation assidue des écrans ont abouti à cette situation irréversible. En effet, nos yeux et nos oreilles sont saturés par les alluvions toxiques des images et des sons. Avec le temps, ce qu’il en reste se limite à quelques mots gravés involontairement dans notre mémoire morte.
Absurdes ou paradoxaux, banals ou originaux, ces mots sont le plus souvent des noms communs qui s’inscrivent d’emblée dans un processus de conditionnement médiatique. Pourtant, grâce à la poésie, une nouvelle chance leur est accordée : celle de s’ouvrir à de nouveaux espaces.
Ici, quelques-uns d’entre eux se sont retrouvés pour composer un recueil. Ils sont là pour nous rappeler que ce monde est malade de l’homme, de ses excès, de ses dérives et de ses confusions, qu’il étouffe sous une chape de silence complice et sous un vernis de complaisance.
Alors, n’en parlons plus ! N’en parlons plus ? Et si justement nous en parlions ?
Celui-ci a toute sa place ici :
INTERNET
Illusoire maison
ouverte à tout-vainfernale demeure
dont des milliers de personnes
possèdent la cléon y avance à tâtons
certains cherchent les interrupteurs
d’autres les bougies les fusibleson y fait de curieuses rencontres
on y entend des bruits bizarreson ne sait plus qui habite là
dans les annexes ou sous les comblesdes gens passent
se croisent sans se voir
des gens des individus
mais jamais des personnes.