Description
Extrait
Ici nulle étoile sur la façade. Le hall large et les couloirs sont parfumés de vieux bois et de faux cuir ancien, l’ascenseur est un monte-charge à peine amélioré, pas de télé dans les chambres, de frigidaire ni même de téléphone. Les cabinets de toilette sont pleins de bonne volonté et d’eau froide à peu près courante, y’a encore des bidets pour laver pieds noirs, vulves, vagins, culs… ; et les lits qui grincent à qui peut mieux supportent encore les ruades du millième couple qu’héroïquement ils accueillent. C’est un havre paisible et hors temps. Deux-trois fois l’an nous y descendons en juin régulièrement pour le Marché de la Poésie Place Saint Sulpice…
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Eloge de l’inutile
Vive le temps qui ne sert à rien ! Le temps de promenade sans but et au hasard, le temps sans projet, le temps domestique, celui sans horloge, sans rendez-vous, le temps pour marcher en ville ou à la campagne, le temps modeste et anonyme.
Vive le temps de solitude comme celui de palabre, le temps vacant, le temps équilibre- libre-fibre-vibre-hors calibre, le temps banal, le temps heureux de l’écriture inutile, le temps non rentable, le temps de respirer et soupirer, celui du café au troquet du coin, le temps non comptable, celui de la semaine des trois dimanches et des quatre jeudis…
Vivent les hommes oubliés de Dieu, les mendiants et orgueilleux, les saltimbanques sans complot, les fainéants dans la vallée fertile ; et merci Albert Cossery pour vos quelques livres admirablement incorrects.
Persuadé d’être une merde je suis loin cependant d’en avoir l’humilité. L’écart est douloureux.
Dans les grands champs de neige de l’au-delà nous irons bientôt. Que dire? Le temps me mange.